Parcs régionaux : structurer pour une meilleure visibilité
On compte au Québec environ 175 parcs régionaux, c’est-à-dire principalement créés sur des terres publiques par les municipalités régionales de comté (MRC). Comme les parcs nationaux, ils ont une vocation récréotouristique et leur offre est toute aussi riche. Mais leur manque de structure représente un défi de taille.
Rédigé par Rose Carine Henriquez, journaliste Milo
Pour la Fédération québécoise de la marche, les parcs régionaux multiplient l’offre d’activités de plein air au Québec. Elle voit leur regroupement sous la bannière de l’Association des parcs régionaux du Québec (PaRQ) d’un très bon œil à cause des avantages de la mise en commun des ressources financières et humaines : la pérennisation, le développement et l’entretien des lieux de pratique.
« Ça permet d’avoir une gestion concertée et regroupée des terres publiques et ça donne plus de place au récréotouristique, que ce soit la randonnée pédestre ou toutes les autres activités de plein air ou de camping, soutient Grégory Flayol, directeur général adjoint de Rando Québec. Pour nous, c’est une très bonne chose. »
Depuis sa création en 2014, la PaRQ a évoluée et a connu son lot de défis, explique Pierre Gaudreault, directeur général de la PaRQ et d’Aventure Écotourisme Québec (AÉQ) : « L’association avait de la difficulté à se déployer. Grâce au partenariat avec l’AÉQ, elle a pu prendre son envol et a été reconnue comme organisme national de loisirs en juillet 2019. On a du financement qui vient avec cette reconnaissance. »
Le rôle de la PaRQ : agir en réseau et être un outil de promotion pour ses 55 membres. Il s’agissait d’une volonté forte du milieu, selon Pierre Gaudreault. « On est là pour travailler avec l’ensemble des parcs, les aider dans leur développement et dans l’atteinte des standards de qualité, indique-t-il. On veut aider à la structuration et s’assurer que la gestion des parcs puisse s’améliorer. »
Une accréditation gage de valeur
Marie-Claude Provost, directrice générale du Parc régional Kiamika dans les Laurentides, a une longue expérience des parcs nationaux, du Brésil au Québec. Selon elle, l’émission d’accréditations par la PaRQ aide à pallier le manque de visibilité des parcs régionaux. Elles apposent en effet un sceau de sécurité et permettent une uniformisation dans le fonctionnement des parcs.
« Le Parc régional Kiamika est accrédité depuis l’année dernière, ce qui veut dire qu’on a un plan de gestion des risques, un plan de mesures d’urgence, un plan de procédures d’accueil et un manuel pour encadrer les politiques salariales des employés, énumère la directrice générale. C’est structuré. »
« On a une grosse clientèle qui vient de Montréal, mais il y a des gens de la région qui ne sont jamais venus et ne savent même pas que le réservoir Kiamika existe, alors que c’est dans leur cour »
Le jeune Parc régional Kiamika, né en 2013 dans un territoire sauvage, a demandé un travail colossal. « Tout était à faire », souligne Marie-Claude, qui en a pris la direction en 2018. Réputé pour le canot-camping et ses rives sablonneuses, Kiamika présente un vaste potentiel avec ses dizaines de lacs et sa quarantaine d’îles. « Il reste des réseaux de sentiers à développer. On veut faire des sentiers pour la raquette, le ski de fond, les chiens de traîneaux… Il y a beaucoup de projets. »
Garder l’esprit du parc de proximité
Avant d’être des destinations de plein air, les parcs régionaux, de par leur nature, sont des parcs de proximité. « Ils ont surtout été créés sur une base de volonté citoyenne, pour protéger un endroit dans une région, renchérit Pierre Gaudreault. Ce sont des gens qui aimaient une montagne, un cours d’eau, un tronçon de voie cyclable et qui ont voulu les protéger pour le futur. »
L’un des objectifs que se donne la directrice générale de Kiamika est de reconquérir sa clientèle locale. « On aimerait que les gens autour du parc se le réapproprient et qu’ils viennent pratiquer des activités, confie-t-elle. On a une grosse clientèle qui vient de Montréal, mais il y a des gens de la région qui ne sont jamais venus et ne savent même pas que le réservoir Kiamika existe, alors que c’est dans leur cour. »
Elle désire également développer les aspects de conservation et d’éducation en mettant en place des camps de jour ou en invitant les écoles : « On a beaucoup d’oiseaux et de plantes rares, et développer le volet éducatif est une de mes missions. Je veux apprendre aux jeunes à aimer la nature parce qu’aujourd’hui ils sortent de moins en moins dehors. »
Avec tous ces projets en branle, le Parc régional Kiamika illustre bien ce que les parcs régionaux ont à offrir au public. Et cet été, plus que jamais : « On le voit, les Québécois revisitent leurs régions. On bat des records d’achalandage! »
Photo : Kiamika / Société de développement du réservoir Kiamika