Entrevue : Trois-Rivières vue par QW4RTZ
Difficile de dissocier le quatuor a cappella QW4RTZ de Trois-Rivières, car c’est pour le public trifluvien qu’ils ont chanté leurs premières notes. Louis Alexandre Beauchemin, contreténor du groupe, nous parle de la ville où il a grandi un sourire dans la voix. À la fois paisible, proche de la nature, chaleureuse et foisonnante en matière de culture, Trois-Rivières n’a selon lui absolument rien à envier à Québec et Montréal.
Rédigé par Claire-Marine Beha, journaliste Milo
Photo : QW4RTZ / Martin Girard
Milo : L’ancrage est fort. QW4RTZ est né à Trois-Rivières en 2010. Parle-moi de ta relation avec la ville…
Louis Alexandre Beauchemin : On réside tous maintenant dans les alentours de Montréal, mais nos mères vivent encore là-bas. On est trois sur quatre à s’être rencontrés aux Petits Chanteurs de Trois-Rivières ; la genèse du groupe est vraiment trifluvienne. On est aussi devenus ambassadeurs de Culture Trois-Rivières, donc on essaie de donner de la visibilité à toutes les options culturelles qui existent localement.
Ce qui est le fun avec Trois-Rivières, c’est qu’il y a quelque chose d’hybride : elle détient plusieurs bons côtés de la ville tout en ayant une proximité avec la campagne presque instantanée. Il y a une vie étudiante dynamique, ça bouge pas mal et il y a surtout une grande ouverture artistique!
À une certaine période, et probablement encore aujourd’hui, les gens allaient tester leur matériel musical ou humoristique devant le public d’ici – ouvert aux arts de la scène, mais aussi critique – pour voir si ça allait bien se passer dans le reste du Québec. Et paradoxalement, il y a un aspect très ouvrier aussi à Trois-Rivières, un côté plus terre à terre. Au final, ça donne un beau mélange très convivial!
Quel est ton endroit préféré à Trois-Rivières?
Le centre-ville, parce qu’il est petit et concentré. Il y a beaucoup de choses qui se passent à quelques pas seulement, donc pas besoin d’auto! Si on veut prendre une bière, souper dans un resto, voir un spectacle ou encore visiter une expo, tout est là.
Où nous conseilles-tu d’aller manger et boire si on est au centre-ville?
J’ai un faible pour Le Buck, un pub gastronomique. C’est un incontournable, autant au niveau de la cuisine que de la carte des vins et bières! Si on veut une bière artisanale et un bon tartare, on peut se rendre également à la microbrasserie Le temps d’une pinte. Et si on est plus serré côté budget ou qu’on veut manger un burger, Le bureau de poste offre un menu à 6$ et l’ambiance est chouette. Il y a aussi le Poivre Noir à ne pas manquer!
En tant qu’artiste, c’est un secret de polichinelle que ça se passe souvent au café-bar Zénob. C’est une institution trifluvienne : le genre d’endroit où un lundi soir de février, en pleine tempête, tu peux passer la meilleure soirée de ta vie! C’est chaleureux, spontané, un peu bohème… Idéal pour relancer la soirée. Il y a eu là quelques prestations impromptues de plusieurs grands artistes québécois. On va souvent y prendre des verres avec le groupe.
En dehors de la ville, la microbrasserie Le trou du diable (expérience Milo) de Shawinigan est un incontournable de l’industrie brassicole mauricienne! Et pour un bon repas, pourquoi ne pas s’arrêter à La Bezotte à Yamachiche, avant d’arriver à Trois-Rivières. C’est une cuisine locale, simple et conviviale… Il y a de l’amour dans les plats!
Photo : Spectacle Le meilleur des quatre / Martin Girard
Pour voir des spectacles à Trois-Rivières, quelles sont tes suggestions?
Il y a plusieurs formats de salles à l’intérieur de la Maison de la culture. La salle Louis-Philippe-Poisson, qui a vu le tout premier spectacle de QW4RTZ, peut accueillir une centaine de spectateurs maximum. Ensuite, la salle Anaïs-Allard-Rousseau, qui a assisté aux premiers signes d’effervescence du groupe, accueille 250 personnes. Puis il y a la grande et mythique salle J.-Antonio Thompson, avec son architecture art déco, qui porte le nom du père du fondateur des Petits Chanteurs de Trois-Rivières. C’est désormais là qu’on a la chance de donner nos concerts. D’ailleurs, on y sera le 4 septembre!
Que conseilles-tu aux mordus de musées et galeries?
J’aime beaucoup le Musée POP (expérience Milo), où j’ai travaillé comme guide pendant plusieurs années. C’est une bonne porte d’entrée au monde muséal pour les enfants car il y a plein d’infos mais ça reste ludique : il y a souvent des jeux, et même les adultes plus érudits y apprendront de nouvelles choses. On y parle de la culture québécoise, mais ça va aussi beaucoup plus loin. Ça vaut aussi la peine de visiter la Vieille prison, liée au Musée POP : les personnes qui nous guident ont vécu l’expérience carcérale. C’est à la fois très concret et humain avec l’aspect réinsertion sociale.
À l’intérieur de la Maison de la culture, il y a aussi le centre d’exposition Raymond-Lasnier, avec une riche programmation. C’est la preuve qu’on peut tout faire à Trois-Rivières, comme découvrir une expo juste avant un spectacle!
Quelle est ta vue préférée sur le fleuve?
Il y en a plusieurs qui sont superbes depuis le centre-ville. Mais l’accès au fleuve Saint-Laurent est incroyable quand on est dans le secteur du Musée Boréalis, destiné au patrimoine local, et depuis l’Amphithéâtre Cogeco.
Et si on a besoin de se rapprocher de la nature?
On va se promener sur les îles à proximité du centre-ville! L’île Saint-Quentin est extraordinaire. Il y a un parc pour la randonnée, une plage, et l’hiver il y a même un chemin de glace en forêt pour faire du patin. Je suis papa, donc je trouve ça fun d’aller faire un tour là-bas en famille, peu importe la saison!
Photo : Louis Alexandre Beauchemin, de QW4RTZ / Martin Girard
Quels sont les événements qui méritent le voyage à Trois-Rivières?
Le FestiVoix, bien sûr! C’est un incontournable. Avec QW4RTZ, on y a fait plusieurs animations de rue jusqu’à se faire offrir un spectacle sur la scène principale en 2016, devant 16 000 personnes ; c’était un peu la consécration pour nous! La « préhistoire » du groupe a d’ailleurs commencé en 2003, lorsqu’on y chantait quelques minutes de répertoire avec d’anciens membres des Petits Chanteurs de Trois-Rivières, alors que l’événement s’appelait le Festival de l’art vocal. On s’appelait High Shop à l’époque et on faisait du barbershop quartet!
Sinon, le Festival International de la Poésie, qui a lieu en octobre, a quelque chose de magique. On peut entrer dans certains petits cafés trifluviens pendant cette période et tomber sur un poète russe en train de clamer son texte, et on peut vivre toute la musicalité, toute la prose de ses paroles sans nécessairement en comprendre le sens premier… C’est fantastique et déstabilisant.
L’endroit idéal pour relaxer selon toi?
Pas très loin de là où vit ma mère, j’aime aller rouler sur la piste cyclable qui passe dans le secteur de l’université. On s’enfonce vraiment dans la nature à certains moments, et ça aide à décrocher.
Visitons davantage la région. Pour le plein air, où aimes-tu aller?
Au Parc national de la Mauricie, mais Saint-Mathieu-du-Parc et Saint-Élie-de-Caxton sont aussi très sympathiques à visiter et pas très loin de Trois-Rivières en voiture. Si on traverse la rive sud, le paysage change et on trouve des grands champs. J’aime aller chercher du fromage à la Fromagerie L’Ancêtre de Bécancour, d’ailleurs! On peut aussi suivre tout le chemin qui longe le fleuve et admirer la migration des outardes et des oies blanches par milliers ; Baie-du-Febvre a un centre d’interprétation intéressant à ce propos.
Enfin, si Trois-Rivières était une chanson, laquelle serait-elle?
Joseph-Antonio Thompson a écrit Hymne à Trois-Rivières, qui est magnifique et qu’on a chanté toute notre jeunesse aux Petits Chanteurs de Trois-Rivières. J’ai envie de nommer cette chanson puisque dans les racines de QW4RTZ il y a une certaine nostalgie très authentique…
Photo : QW4RTZ à la Salle J-A Thompson / Stéphane Bergeron
Shkabedabedweebeshoobop, deuxième album de QW4RTZ sorti en juin 2020