Tour du Québec

VRlife et vanlife, une tendance voyage qui s’affirme

Déjà très populaires au cours des dernières années, les véhicules récréatifs ont envahi les routes cet été et ne devraient pas disparaître de sitôt. Petit portrait d’une formule de voyage en pleine effervescence – et conseils de pro pour vous épauler dans vos aventures.

Les préjugés portant sur les véhicules récréatifs (VR) ont longtemps eu la peau dure, mais ne sont plus d’actualité depuis une dizaine d’années. L’image surannée du VR vieillot, lourd, mal isolé et adapté à une clientèle de seniors a cédé sa place à un univers de possibilités accessibles à tous, allant de la remorque colorée et transformable au petit motorisé aménagé. Sur les réseaux sociaux, la vie en VR et en van s’affiche maintenant sans gêne et ne cesse de gagner des adeptes.

En 2018, 30% des quatre millions d’unités circulant à travers le Canada appartenaient à des Québécois, et 67% d’entre eux avaient moins de 50 ans, selon l’Association des concessionnaires de VR du Canada (RVDA). Un chiffre qui a explosé en 2020, alors que la pandémie a freiné les voyages internationaux. « Cette année, tout le monde voulait aller camper! confirme Josée Bédard, présidente de Roulottes Chaudière, un concessionnaire situé près de Lévis et actif aussi au Saguenay. Après le confinement, les gens voulaient bouger, et même ceux qui ne s’intéressaient pas aux VR auparavant ont redécouvert ce mode de voyage. »

Voyager autrement

Pour répondre à la demande impressionnante engendrée par les interdictions de voyage à l’étranger cette année, la majeure partie des professionnels de l’industrie du VR ont développé leurs services de location et ont vendu beaucoup de modèles – dans le stationnement de Roulottes Chaudière, il ne reste d’ailleurs plus qu’une trentaine d’unités sur les 300 qu’on voit habituellement. 

Josée Bédard, qui est également présidente de l’Association des Commerçants de Véhicules Récréatifs du Québec (ACVRQ), se réjouit bien sûr de cette manne circonstancielle pour son milieu. Elle croit aussi que les habitudes de voyage des Québécois vont changer durablement. « Les gens pensent autrement, c’est tangible. Ils redécouvrent les régions du Québec, apprécient de faire des escapades près de chez eux ou de se rendre au soleil dans l’Ouest canadien, seuls ou en famille, en toute liberté. »

La femme d’affaires prédit donc un succès sans précédent des VR au cours des cinq prochaines années, aussi bien à la location qu’à la vente, puisqu’un propriétaire de VR peut louer ou même partager son temps (time sharing) avec d’autres utilisateurs. La popularité de sites web comme RVezy ou Go-Van confirme cette tendance.

Des VR adaptés au climat québécois

Après avoir repensé les véhicules récréatifs pour répondre aux besoins et aux budgets d’une clientèle de plus en plus variée (jeunes et retraités actifs, familles, télétravailleurs, etc.), les manufacturiers commencent à concevoir des modèles aptes à passer à travers l’hiver québécois. Hivernation de modèles, option « extreme weather », roulottes cargo s’ouvrant à l’arrière pour emporter avec soi sa motoneige, petits motorisés aménagés pour les escapades de ski ou de snowboard : le VR n’est plus uniquement synonyme d’été, mais bien de voyage à l’année.

Il est même possible à présent d’acheter 100% québécois dans ce domaine. Une douzaine de manufacturiers d’ici offrent des caravanes (dont les modèles Hélio, produits à Lavaltrie dans Lanaudière), des caravanes portées, des maisons motorisées, des roulottes de parc (qui voyagent cependant moins facilement) et surtout un bel éventail de VR de classe B, ces petites fourgonnettes aménagées redevenues très populaires.

Parmi eux figure en tête de file la compagnie Vanlife MTL, qui connaît depuis sa fondation en 2017 un développement exceptionnel, aussi bien en matière de location – toutes les unités ont été louées en 2020 de la mi-juin à la mi-octobre – que de conversion et de vente de modèles. Comme le confirme Catherine Vachon, directrice marketing de l’entreprise, les avantages liés à un voyage en van sont nombreux : facilité de conduite, confort, possibilité de se garer partout, autonomie surprenante… « Nos aménagements comprennent aussi beaucoup de rangement, du chauffage, des installations 100% électriques, une toilette sèche et même une option de douche intérieure – ce qui est très pratique en hiver. »

« Voyager et vivre en van nous amène aussi à repenser notre manière de consommer et de voir le monde. On va plus à l’essentiel, et on se rend compte que ce n’est pas seulement la destination qui compte car on a l’occasion de découvrir des paysages et de rencontrer des gens fabuleux sur son chemin »

Catherine estime elle aussi que les VR ont un bel avenir au Québec, dont les longues distances se prêtent parfaitement à cette formule de voyage. Elle ajoute qu’au-delà des avantages immédiats qu’ils peuvent apporter, ces véhicules diffusent de belles valeurs : « On parle souvent de liberté et de confort, mais voyager et vivre en van nous amène aussi à repenser notre manière de consommer et de voir le monde. On va plus à l’essentiel, et on se rend compte que ce n’est pas seulement la destination qui compte car on a l’occasion de découvrir des paysages et de rencontrer des gens fabuleux sur son chemin. »

Les rencontres de VRistes et de vanlifers qui se multiplient au Québec – par exemple le Festival de Saint-Tite, où plus de 10 000 VR se regroupent pendant deux semaines – comme ailleurs confirment cette vision. Des réseaux sociaux québécois très populaires comme La saison du camping (plus de 85 000 membres), Prêts pour la route (40 000 membres) et Go-Van (40 000 membres), qui dispose en plus d’une émission télé sur la chaîne TV5, prouvent également que l’esprit de communauté qui réunit les utilisateurs de VR est fort. Ces derniers se reconnaissent, se lient d’amitié, s’échangent des trucs ou des recettes de camping et se donnent des coups de main pour rénover leurs véhicules. Vanlife MTL a d’ailleurs ouvert un service de pièces qui permet de s’équiper d’éléments produits par le manufacturier. 

Photo : Vanlife MTL

Conseils de pro

Lorsqu’on aborde le VR pour la première fois, il y a certains facteurs dont il faut tenir compte pour que l’expérience se passe bien. De quoi faut-il donc se soucier en priorité? De son profil, répondent les professionnels. Les jeunes couples avides d’aventures, les familles qui campent pendant l’été, les fans de plein air et les retraités qui aiment passer plusieurs mois au chaud n’ont pas tous les mêmes envies et besoins. Il existe donc un modèle de VR pour chaque type de voyageur, mais il faut bien le choisir, même sur une base locative. Pour vous guider dans cet univers, des sites web spécialisés comme Liberté en VR proposent de comparer des modèles, de prévoir des budgets et même de s’outiller d’une liste d’éléments à ne pas oublier avant de partir. Les concessionnaires et manufacturiers sont également de bonnes sources de renseignements.

Comme la conduite d’un véhicule récréatif ne nécessite pas de permis spécial, beaucoup de personnes n’ont pas automatiquement conscience qu’un VR n’est pas une voiture. Souvent plus gros, et souvent remorqué quand il ne s’agit pas d’un motorisé, il amène de nombreux conducteurs à faire des erreurs. « Ils peuvent avoir toutes sortes de pépins, confirme Mme Fréchette, de la compagnie Aviva Assurances. Rentrer dans une borne de station-service, rester pris sous un tunnel trop bas ou voir éclater leurs pneus parce qu’ils n’ont pas assez roulé… » 

Un constat que réalise aussi fréquemment la Sûreté du Québec, qui remarque parallèlement que peu de personnes sont au courant des règlements spécifiques qui encadrent les VR sur la route. « Faire vérifier ses freins selon le poids du véhicule, maîtriser la taille de son VR dans son environnement, ne pas se distraire au volant et prendre du repos sur de longues distances sont tous des facteurs d’accidents que l’on peut éviter », assure l’agente spécialisée Michaud.

Les recommandations se résument donc à quelques principes clés : prendre des cours de conduite en VR avant de prendre la route, garder ses distances avec les autres véhicules, connaître les caractéristiques du modèle que l’on utilise et, surtout, bien planifier son voyage. Ce dernier point est d’ailleurs crucial. Car si la liberté en VR est réelle, elle s’accompagne aussi d’impondérables : campings pleins, routes inadaptées, absence de stations pour les eaux usées, batteries à plat, météo changeante, etc. Par conséquent, pour profiter pleinement de la VRlife et de la vanlife, soyez prévoyant!

Photos : Liberté en VR (sauf indication contraire)